Olivier Juste – Le Major Davel

Olivier Juste – Le major Davel : Il y a trois cents ans, le Major Davel leva ses troupes et marcha sur Lausanne pour mettre fin à l’occupation de Berne sur le pays de Vaud. Mais qui était-il? Un illuminé qui suivant la prophétie d’une «belle inconnue» se pensa chargé par Dieu de libérer son pays? Un aventurier solitaire qui sur un coup de dé tenta une action militaire qui aurait pu réussir sans sa mésestimation de la politique d’un pays soumis à Leurs Excellences de Berne? En fait, ce personnage, devenu héros de l’indépendance vaudoise reste, dans le fond, mal connu.

Que savons-nous de lui? Jean-Daniel Abraham Davel était le fils d’un pasteur, qui étudia à Lausanne et qui, à 22 ans, choisit la carrière militaire. Il combattit sous les ordres des bernois contre les cantons catholiques et fut nommé major. Il commanda dès lors les milices vaudoises du Lavaux.

Que fit-il ? Le 31 mars 1723, dans une période de mécontentement contre la corruption et les exactions de l’occupant bernois, Davel, profitant de l’absence des baillis bernois, amena à Lausanne cinq à six cents des hommes qu’il commandait et proposa au Conseil municipal un manifeste, une critique du régime bernois, et annonce son plan de libération du Pays de Vaud. Trahi par les membres du conseil, il fut arrêté, torturé puis décapité.

L’occupant fit tout pour le présenter comme un illuminé et il conserva, malgré une certaine sympathie populaire, sa réputation de cerveau dérangé jusque vers 1840 même si, en 1798 lors de la nouvelle indépendance vaudoise (accomplie avec l’aide déterminante des troupes d’un Napoléon I^er très intéressé par le trésor des Bernois), Frédéric-César de La Harpe tenta de le proposer comme une figure de l’indépendance à l’Assemblée provisoire du Canton du Léman.

C’est en 1842 que Juste Olivier publie la présente biographie faisant œuvre d’historien. Dès lors le Major Davel devient un héros. Il est peint par Charles Gleyre (avec la figure de juste Olivier pour modèle) comme un sage transfiguré au moment de son exécution. Et il restera le symbole de la résistance vaudoise. (Sources: Pierre-Louis Chantre, Comment «l’illuminé» Major Davel est devenu un héros, Histoire n° 42, Allez savoir! Magazine de l’Université de Lausanne, 16 septembre 2008; Christophe er, Les trois morts du major Davel, Le Matin Dimanche, 08.01.2023; Henri Vuilleumier, Le major Davel: étude d’histoire religieuse, Revue de Théologie et de Philosophie, 10, 45, 1922; Dictionnaire historique de la Suisse.)

« Nobles, Illustres et Souverains Seigneurs. – Un moment de juste attention et de sérieuse réflexion sur votre conduite envers le Pays-de-Vaud vous rendra convaincus, par vous-mêmes, que c’est par votre inégalité (illégalité ?) présomption et tyrannique gouvernement que vous êtes déchus de la souveraineté du Pays-de-Vaud, qui a pris la résolution de ne plus à l’avenir reconnaître aucun ordre de votre part ; sans qu’aucune menace ou promesse, de quelque nature que ce soit, y apporte jamais aucun changement .« Ne vous flattez pas, I. S., que vos propres forces aient été le motif de nos limites ! car, si notre plan s’était étendu au point d’entrer dans votre capitale, vous nous y auriez vus rangés auprès de votre maison-de-ville, sans avoir rencontré aucune opposition, connaissant très bien votre faiblesse et peu de précaution en fait d’armes.Nous fixerons nos limites au pont de Guminen, n’ayant pas étendu le plan de notre délivrance à vous inquiéter dans votre capitale, qui restera telle à votre égard ; à moins que vous ne nous donniez sujet, par votre armement : alors, nous suivrons le droit de la guerre. Notre dessein pour le présent est fixé à vous décharger de la domination du Pays-de-Vaud, dont vous avez abusé et (que vous avez) réduit à une inable extrémité. (Manifeste du Major Davel)

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