
Hugo Victor – Histoire d’un crime (tome 2), Cahier complémentaire et lien vers Napoléon le petit : Le premier volume d’Histoire d’un crime était consacré aux deux premières journées du coup d’État de Louis-Napoléon (1 et 2 décembre 1851). Hugo y racontait Paris assiégé, la constitution bafouée, les députés de la gauche menés en prison, la résistance organisée dans l’urgence.
Le second volume, plus poignant encore, témoigne des terribles journées des 3, 4 et 5 décembre qui consomment la défaite de la gauche et cimentent la prise de pouvoir du futur Napoléon III. Hugo, traqué par la police, est constamment obligé de changer d’asile, au péril de sa vie. Comme ses compagnons de lutte, il ne dort que quelques heures, mange à peine et ne peut rentrer chez lui, au risque d’être appréhendé. Mais jamais sa détermination ni son courage ne vacilleront, même lorsque le bruit court que sa tête est mise à prix. Porté par sa mission sacrée de représentant du peuple et aiguillonné par l’urgence d’une situation qui se détériore d’heure en heure, il sillonne de long en large un Paris préhaussmannien qui prend sous sa plume des allures d’inquiétant labyrinthe. ant de barricades en réunions clandestines, il rédige des communiqués, signe des proclamations, engage les soldats à ne pas de leurs armes contre leurs frères et exhorte le peuple à se soulever (Laurent 241 & ss.). En vain. Les faubourgs populaires, durement réprimés en juin 1848, ne font plus confiance à la gauche ; ils tergiversent ou refusent tout bonnement de se dre à l’insurrection. La fusillade effroyable du 4 décembre, décrite comme une hallucinante descente en enfer, tue toute velléité de révolte et scelle la victoire de l’autoritarisme. Le 11 décembre 1851, devant son arrestation imminente, le poète, déguisé en ouvrier et muni d’un faux eport, prend le train pour Bruxelles. Il y entamera un exil de 19 ans qui le mènera à Jersey puis à Guernesey et ne s’achèvera qu’en 1870.
Dès son arrivée dans la capitale belge, Hugo se jette à corps perdu dans la rédaction de ce qu’il appelle encore son Histoire du Deux-Décembre, mais il réalise vite qu’il a besoin d’autres témoignages que le sien pour mener à bien son projet.
En été 1852, il écarte provisoirement l’œuvre en chantier pour rédiger d’un jet un pamphlet incendiaire contre Louis-Napoléon. Intitulé Napoléon-le-Petit, ce coup de gueule contre celui qu’il accuse d’être un criminel sanguinaire et un traitre à la patrie est une façon pour Hugo de rappeler à « l’usurpateur » que sa plume demeure une arme redoutable. Redoutable et ô combien fertile ! puisque l’exil décuplera son inspiration et mènera Hugo à l’apogée de son art, comme en témoignent Les Châtiments (1853), Les Contemplations (1856) et Les Misérables (1864).
Histoire d’un crime ne sera toutefois parachevée que très lentement, par des ajouts progressifs qui s’appuient sur des documents bouleversants que Hugo reçoit en exil de ses anciens compagnons de lutte et que l’on pourra lire dans les très riches annexes de ce deuxième volume. Cette gestation de longue haleine est aussi une stratégie éditoriale, car le poète attend le moment propice pour publier son livre. En juin 1877, l’imminence d’un nouveau coup d’État ourdi par le président Mac-Mahon contre la Troisième République lui en offre l’occasion. Le premier tome d’Histoire d’un crime paraît le 1er octobre 1877 ; le second sort le 15 mars 1878, complétant un témoignage sur des événements qui remontent à plus de vingt-cinq ans, mais qui ont désormais valeur de prophétie. Le succès de l’ouvrage fut retentissant. « La critique salua avec une chaleureuse reconnaissance l’apparition de l’Histoire d’un crime ; elle n’ira pas seulement la merveilleuse ordonnance du récit, la peinture si lumineuse des faits, la vigueur et la sobriété du style ; elle loua Victor Hugo d’avoir rendu un nouveau service à la démocratie à l’heure où les libertés publiques étaient menacées par un retour offensif du pouvoir personnel. […] C’est un hommage unanime et éclatant rendu à celui qui se donna modestement comme un témoin, qui fut en réalité un des instigateurs les plus énergiques de la résistance et plus tard un juge. » (Notes éditoriales, vol. II.)
[Sources : Jean-Marc Hovasse, « Préface », Histoire d’un crime. Déposition d’un témoin (La Fabrique Éditions 2009) ; Frank Laurent, Victor Hugo : Espace et Politique (Presses universitaires de Rennes, 2008) ; Yves Gohin, Victor Hugo (PUF 1987).]
Téléchargements (Histoire d’un crime, tome 2) : DOC/ODT
(Téléchargements de Napoléon le petit, édition Ebooks libres et gratuits et, pour l’ePub, édition Bibliothèque numérique romande sur la base de la numérisation des ELG : DOC/ODT )