
Haraucourt Edmond – Daâh le premier homme : Daâh est le premier homme. Enfin presque ! Daâh doit bien venir de quelque part et avoir eu des parents. Mais dans son roman, Edmond Haraucourt nous présente un peu Daâh comme un homme originel car seul et ignorant tant de choses du monde qui l’entoure. Toutefois Daâh va avancer et évoluer. Il ne restera pas seul toute sa vie : il sera bientôt accompagné et era, au fil de temps et des enfants qui naissent, de la vie en solitaire à la vie en horde. Et puis Daâh va apprendre. Souvent par hasard ou par un événement fortuit.
Dans ce roman préhistorique, l’auteur imagine ce qu’a pu être l’émergence de la conscience de soi du premier hominidé, individu nomade solitaire qui tolère la présence d’une femelle. Il forme ainsi le premier couple puis une horde avec leurs descendants.
C’est le récit des observations incessantes de l’environnement que fait cet individu perpétuellement sur le qui-vive pour ne pas devenir une proie, l’amènent à concevoir des outils pour améliorer ses chances de survie. Il s’agit d’un long processus par imitation et associations d’idées vite oubliées car les embryons épars de réflexions font concurrence à l’immédiateté des perceptions primaires nécessitées par les dangers qui l’entourent. Des conduites supposées face aux éléments que ce premier homme ne comprend pas, il en est déduit les prémices de certains des sentiments actuels avec les préjugés de son temps.
Des changements millénaires de climat se ent pendant la courte vie qui nous est retracée, ouvrant ainsi la qualification de « fantasy » à ce récit. Le lecteur moderne ne le trouvera peut-être pas d’une grande rigueur scientifique, marqué comme il est de préjugés de genre, d’espèce et d’une connaissance sur les origines de l’humanité qui a évolué aujourd’hui. Rappelons qu’il a été écrit au début du 20e siècle et qu’il en exprime aussi la vision sociale. Cela ne retire cependant rien à l’intérêt de ce livre. On s’imagine être à la place de Daâh, pour essayer de comprendre ce qu’a pu être la vie à cette époque si lointaine, comment les premiers hommes voyaient et appréhendaient le monde. Ce livre pionnier sur le sujet des origines de l’homme n’a rien perdu de son intérêt et de son charme.
Edmond Haraucourt (1856-1941) est un homme de lettres français éclectique : poète connu pour le Rondel de l’adieu avec comme premier vers « Partir, c’est mourir un peu », romancier, journaliste … Il fut aussi conservateur de plusieurs musées.
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