
Colette – Claudine à l’école : Le premier roman de Colette, le premier de la série des Claudine. Dans le village de Montigny, les années cinquante, Claudine évoque sa vie quotidienne. Jeune écolière en dernière année de collège, elle doit er le brevet élémentaire. Intelligente, insolente avec un sens de l’observation aiguisé, elle raconte les rites de la classe, les copines et les vacheries, ses émotions, ses jeux, le regard des hommes et l’éveil de sa sensualité, son attrait pour une jeune institutrice alors que celle-ci entame une relation avec la directrice de l’école
Colette est Sidonie Gabrielle Colette (1873-1954), née et élevée à Saint-Sauveur-en-Puisaye (Yonne). Elle rencontre à 16 ans Henri Gauthier Villars, un journaliste et critique musical en lien avec sa famille. Malgré sa réputation quelque peu sulfureuse, elle l’épouse quatre ans plus tard. Il l’introduit dans la vie parisienne où elle rencontre, entre autres Debussy, Fauré et Ravel, Anatole , Pierre Louÿs, Marguerite Moreno, Proust, Rachilde, Sacha Guitry. Écrivain sous le pseudonyme de Willy, son mari travaille grâce à une équipe de « nègres » et Colette y participe. C’est lors d’un séjour à Belle-Île que Willy propose à sa femme d’écrire un roman à partir de ses souvenirs : « Un an, dix-huit mois après notre mariage M. Willy me dit : — Vous devriez jeter sur le papier des souvenirs de l’école primaire. N’ayez pas peur des détails piquants, je pourrais peut-être en tirer quelque chose… »
Willy n’exploitera ce manuscrit que presque une année plus tard et le publie sous son propre nom. Ce sera le premier des Claudine. Le roman sera taxé d’immoralité et fera scandale de par son expression de la sensualité d’une jeune femme. Écrit dans une langue « parlée » simple et dépouillée qui contraste avec les écrits de l’époque, c’est un succès de lecteurs même si, pour ce premier roman, la critique est plutôt silencieuse. Aujourd’hui, il est unanimement établi que c’est bien un écrit de Colette. « Maternité » qu’elle eut toutefois de la peine à faire reconnaître. Ce n’est qu’en 1903 que Colette publia, avec le nom de Colette Willy, Dialogue de bêtes, le premier livre où elle apparait comme autrice.
Rachilde, écrivait à propos de Claudine à l’école : « Il y a une œuvre étonnante de conçue, voilà ce qu’il importe de déclarer ici. C’est écrit à la diable, Claudine parle et se sert de la langue patoise de son pays : elle est moderne, elle est voyou, elle est antique et elle est sortie de l’éternel. […] De Claudine , le même livre est l’œuvre la plus extraordinaire qui puisse éclore sous la plume d’une débutante, elle promet un peu plus que la gloire à son auteur : le martyre. » (citée par Claude Pichois, dans sa préface de notre édition de référence, Œuvres I Paris Gallimard (nrf) 1984, p. LXXII-LXXII.)
Cependant, les infidélités de Willy sont notoires et Colette, peu à peu, poursuit des relations sentimentales féminines. Elle commence du music-hall, se sépare de Willy, habite près de Renée Vivien, ou chez Missy, joue le rôle Claudine dans des pièces de théâtre tirées de son roman ou au Moulin-Rouge où le spectacle qu’elle représente avec Missy (qui avait été vitriolée pour son orientation) fait scandale et sera interdit. Suit à ce scandale, Willy demandera le divorce. Colette, elle, continue d’écrire avec, notamment La Retraite sentimentale, Les Vrilles de la Ville puis, en 1910, La Vagabonde. C’est l’année où commence sa collaboration au journal Le Matin avec des billets. Avec Henry de Jouvenel, le rédacteur en chef, elle aura une liaison et dont elle aura une fille.
Avec les années 1920, et la publication de Chéri et de La Chambre éclairée commence la reconnaissance. Devenue une célébrité, elle est nommée à la Légion d’honneur, au jury du Prix Goncourt et réalise de nombreux romans et écrits. Elle décède en 1954 et sera la première femme à recevoir des Obsèques nationales. L’église, cependant, lui refuse un enterrement religieux. Elle est enterrée au Cimetière du Père-Lachaise. (autres sources : site des Amis de Colette, Biographie ; site La Cause littéraire, Colette.)
L’illustration de couverture provient de l’édition princeps de 1900 (Paris, Ollendorf), réalisée par Emilio Della Sudda (1867-1924)
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