Chabloz Fritz – Les Sorcières neuchâteloises

Chabloz Fritz – Les Sorcières neuchâteloises: Après une introduction savante et ionnante sur l’historique de la sorcellerie, Fritz Chabloz nous présente un essai documenté de très nombreux extraits de procès. L’auteur compare les sources historiques neuchâteloises au récit qu’a fait Michelet dans La Sorcière. Il commence son étude par les sorcières au Moyen Âge et se penche sur les interrogatoires conservés dans le canton de Neuchâtel, au château de Valangin et dans diverses communes (Boudry, Neuchâtel, Colombier, etc.) qui ont toutes rapporté des jugements de sorciers et sorcières (celles qui n’en ont plus les ayant probablement détruites). Débutés au XVe siècle, les procès se calment au début du XVIe pour reprendre de plus belle au XVIIe (600 sorciers et sorcières condamné-es entre 1611 et 1675 dans le canton de Neuchâtel). Catholiques ou réformées, les vagues d’inquisition se sont ainsi poursuivies de la même manière.

Les descriptions de ces procès et interrogatoires sont très détaillés, souvent écrits dans une langue populaire. Les détails crus et violents ne manquent pas : supplices, tortures, conditions d’emprisonnement, etc. L’auteur montre comment les personnes étaient incarcérées sur simple dénonciation de voisinage et que les tortures systématiques (et réitérées quand les interrogatoires ne donnaient pas satisfaction) faisaient avouer des faits supposés, qui remontaient souvent à plusieurs années, sans réelle preuve. Les accusations de sortilèges de maladies n’étaient pas contredites par les rares détenteurs d’une science médicale encore balbutiante. L’auteur veut montrer par les détails que les autorités judiciaires sont iniques : «Dans les procédures, l’on a un travail de rédaction du Greffier, et non les confessions des Sorcières dans leur spontanéité», et ces confessions sont la plupart du temps extorquées sous la torture. Le livre émet l’hypothèse que l’accent mis sur la sorcellerie par les pouvoirs (temporels et religieux) avait pour but de maîtriser le peuple superstitieux et de l’empêcher de se révolter contre les contraintes multiples dont il faisait l’objet. Des rapprochements intéressants sont aussi faits avec les comptes rendus des premiers ethnologues sur les peuplades primitives dont ils relatent les coutumes, … et les reliquats qui en subsistent encore.

De temps à autre, l’auteur donne son avis, ajoute une petite phrase critique : « Ainsi pourquoi ne pas montrer aux enfants que les démoniaques de tous les temps étaient des malades comme nous en avons parmi nous, des épileptiques, des fous, des muets, et ne pas propager cette idée atroce qu’il y a eu une époque où le Démon pouvait élire domicile, bien et dûment, dans le corps de pauvres gens qui n’en pouvaient mais. »

Fritz Chabloz (1841-1905), instituteur et historien de Saint-Aubin (Neuchâtel), a aussi écrit un ouvrage sur les langages romands, contribué à plusieurs travaux historiques et fait le récit de légendes neuchâteloises.

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