Maeterlinck Maurice – Pelléas et Mélisande : Stéphane Mallarmé écrivait, à propos de cette tragédie symbolique, qu’il s’agissait d’une «variation supérieure sur l’irable vieux mélodrame». L’intrigue est conventionnelle. Golaud, prince d’Allemonde recueille à l’orée d’un bois une jeune fille, Mélisande, dont il veut faire son épouse. Mais c’est du frère de Golaud, Pelléas, que Mélisande tombe amoureuse et cette ion se terminera en drame. L’histoire n’est ici prétexte que pour dérober au silence ses secrets. Peu de choses sont réellement dites, tout est suggéré. Cette pièce fut adaptée à l’opéra par Claude Debussy. (éd. partenaire ELG) …
Maeterlinck Maurice – L’Oiseau bleu : Les fictions de Maurice Maeterlinck (prix Nobel 1911), écrivain symboliste belge du début du XXe siècle, aiment jouer avec les mondes parallèles, ceux que sa poésie invente et auxquels son théâtre donne vie pour mieux montrer l’invisible. C’est cette expérience que vont faire Tyltyl et Mytyl, enfants d’un pauvre bûcheron. Une nuit, ces deux enfants observent depuis la fenêtre de leur chambre, les yeux brillants d’envie, les nourritures que mangent les riches, et qu’ils ne goûteront jamais. Apparaît alors la Fée Bérylune. Elle leur offre un Diamant, qui, quand on le tourne, fait apparaître et disparaître des mondes invisibles… En échange, elle les charge de trouver l’Oiseau Bleu qui seul peut guérir sa fille malade… Cette pièce féerique nous raconte l’odyssée de ces deux jeunes âmes qui apprennent, grâce aux lieux symboliques qu’ils fréquentent, à voir l’essence de toutes choses cachée derrière les apparences. (éd. partenaire ELG) …
Sand George – Les sept Cordes de la Lyre (Lettre à Marcie, Carl, Le Dieu inconnu, La Fille d’Albano, Cléopâtre, Fragment d’une lettre écrite de Fontainebleau, Le Fleurs de Mai, Coup d’Oeil général sur Paris) : Femmes artistes, art et normalité, relations, entre hommes et femmes, entre inspiration et rationalité, entre nature et société : ce recueil qui comprends neuf écrits, théâtre, essais et nouvelles qui abordent ces thèmes avec ion. Hélène, dans Les sept Cordes de la Lyre, est une vraie pythie qui, entre folie et musique inspirée, accèdera à la connaissance et libérera, par son chant, l’Esprit de la Lyre emprisonné, ainsi que celui son maître, le philosophe Albertus, au rationalisme étriqué qui avait oublié la rationalité des corps. Faust féminin, elle disputera ses amours à Méphistophélès qui tentera tout pour prendre possession de leurs âmes. …
Scribe Eugène – Le Verre d’Eau ou les Effets et les Causes (comédie en cinq actes) : Dans son palais de Saint-James, la reine Anne s’ennuie. Des whigs bellicistes mènent une guerre ruineuse. Lord Marlborough à la tête de son armée « épuise le trésor public et emplit le sien. » Son épouse, la duchesse, nommée surintendante de la reine, monte la garde autour d’elle et la commande d’une main de fer. Mais il suffit parfois d’un grain de sable… Ou plutôt de deux grains en la personne de deux amoureux, le jeune et séduisant Masham et la belle Abigaïl. Leur arrivée à la cour va perturber cette domination ce dont saura profiter l’habile Bolingbroke, partisan de la paix et d’une alliance avec la . Ce sera un simple verre d’eau, demandé par la reine, qui précipitera un drame qui n’attendait qu’une goutte pour éclater.
À petites causes grands effets, ou lorsque des rivalités féminines et des imbroglios amoureux entraînent des effets politiques majeurs… Rebondissements et amusements garantis ! …
Giraudoux – Jean – Électre : Après le succès de La guerre de Troie n’aura pas lieu, l’idée vient à Giraudoux en 1935 ou 1936 d’«épousseter» le mythe d’Électre que Claudel avait remis dans l’air du temps en traduisant l’Agamemnon d’Eschyle. Les trois grands tragiques grecs, Eschyle, Sophocle et Euripide, ont en effet mis en scène, chacun à sa manière, le destin sanglant de la famille des Atrides : Agamemnon, en immolant sa fille Iphigénie pour permettre le départ de la flotte grecque vers Troie, s’attire la haine de son épouse Clytemnestre qui, aidée par son amant Égisthe, l’assassine à son retour de la guerre. Leur forfait accompli, ils exilent Oreste, le jeune fils du roi. Vingt ans plus tard, Oreste revient venger son père : poussé par sa sœur Électre, il tue Clytemnestre et Égisthe, avant d’être poursuivi par les Érinyes, ou Euménides, terribles déesses de la Vengeance qui châtient les parricides.
Par une belle après-midi, deux cortèges se rencontrent devant le palais des Atrides : celui du Jardinier venu célébrer ses noces avec Électre et celui d’un étranger à qui des petites filles font visiter la ville. Mais le destin menace : ces étranges fillettes, les petites Euménides, ne parlent que de sang. Inquiet, le juge Théocathoclès, flanqué de son épouse écervelée, Agathe, vient dissuader son parent le Jardinier d’une union qui serait catastrophique pour la famille car Électre est une «femme à histoires». Le régent Égisthe intervient alors pour ordonner le mariage au nom de la raison d’État : lui aussi a peur d’Électre et espère ainsi la neutraliser. Seule Clytemnestre, sa mère, semble un instant apitoyée. Mais devant la haine farouche de sa fille, elle rentre dans le palais en l’abandonnant à son sort : qu’elle épouse donc le Jardinier! Un étranger qui a assisté sans mot dire au débat chasse finalement le fiancé en se faisant reconnaître de la seule Électre : c’est Oreste…
Édition du groupe des « Ebooks libres et gratuits ».
Giraudoux Jean – Amphitryon 38 : Nombreux sont les écrivains du début du XXe siècle qui ont repris les mythes antiques pour les réinterpréter à leur façon (Philoctète de Gide, Antigone, Orphée de Cocteau, etc). Giraudoux lui-même insiste avec humour sur la banalité de son sujet, en affirmant, dans son titre, être le 38e auteur, notamment après Euripide, Plaute, Molière et Kleist, à mettre en scène la légende de la naissance d’Hercule. Chacun sait comment Alcmène, la vertueuse épouse du roi de Thèbes, Amphitryon, honorée à son insu par Jupiter, devint la mère du plus fameux héros de l’Antiquité.
À la tombée du jour, Jupiter, dissimulé dans les jardins du palais, guette Alcmène, l’épouse fidèle et aimante du roi de Thèbes, Amphitryon. Pour la posséder, il accepte le stratagème proposé par le rusé Mercure : faire déclarer la guerre à Thèbes afin d’éloigner le roi et prendre son apparence pour er la nuit au palais. Aussitôt dit, aussitôt fait : la guerre proclamée et la ville réveillée, l’armée thébaine s’ébranle et Alcmène fait ses adieux à son époux qui s’arrache à ses bras. Mercure, qui a pris l’apparence de Sosie, valet d’Amphitryon, lui annonce alors le retour secret de son maître pour la même nuit…
Huysmans J.-K. et Hennique Léon – Pierrot sceptique (pantomime) : Ubu ? Non Pierrot ! Un Pierrot qui, dans cette brève pantomime – onirique, misogyne, hilarante et déjantée – se prépare aux funérailles de sa femme. Finalement, il envoie, sans lui, invités et corbillard : lui préfère le cabaret. Puis il tombe en arrêt devant une Sidonie (le mannequin à la vitrine d’un coiffeur) : celle-ci s’éveille, frissonne, s’anime. Sa poitrine vibre. Pierrot la désire, tente de la séduire sans succès. Cela ne peut que finir par des étincelles ! Gare au feu ! Pierrot reste sceptique…
J.-K. Huysmans qui disait mépriser le théâtre irait, tout comme Léon Hennique, des acteurs acrobates anglais qui se produisaient à Paris en 1879, les Hanlon-Lees. « Tiens, dit-il à son ami, ce serait amusant de faire quelque chose dans ce goût-là». Et Hennique raconte : « Nous avons arrêté le scénario ensemble. J’ai écrit la pantomime, je la lui ai ée et il a fait les changements qu’il a voulus. »
Jarry Alfred – Les Minutes de Sable mémorial : « Suggérer au lieu de dire, faire dans la route des phrases un carrefour de tous les mots, » nous annonce Alfred Jarry dans la préface de ce recueil. En effet, vous y trouverez un chaos organisé, où se répondent, de façon non linéaire, idées, mots et consonances. Et, comme beaucoup, vous vous égarerez dans la polysémie des significations, des sens et des réminiscences entre obscurité volontaire et lumière éblouissante. Faut-il l’appeler poésie (incontestablement de nombreux et superbes vers de facture classique) ? prose ? théâtre ? (Si le père Ubu pointe son nez, vous rencontrerez aussi Saint-Pierre-Humanité qui annonce César-Antéchrist et Hadernablou…) Ou simplement gothique ?…
Jarry Alfred – Ubu Roi : Le seul nom d’Ubu a fait davantage pour rendre célèbre Alfred Jarry que tout l’ensemble de son œuvre. C’est une pièce mythique.
Ubu est l’officier de confiance de Venceslas, roi de Pologne. Pleine d’ambition, la mère Ubu lui suggère de tuer le roi et de prendre le pouvoir. Ubu reçoit des invités à dîner et leur donne de la «merdre» à manger…
Alfred Jarry (1873-1907), né à Laval dans une famille de la petite bourgeoisie, fréquente les lycées de cette ville puis de Saint-Brieuc. Un de ses professeurs incarne aux yeux de ses élèves « tout le grotesque qui est au monde ». L’enseignant devient le héros d’une littérature scolaire, dont un texte intitulé Les Polonais que Jarry, en classe de première, va mettre en forme de comédie et représenter sur un théâtre d’ombres puis au « Théâtre des Phynances », théâtre de marionnettes installé au domicile des Jarry. Le premier succès arrive avec Les Minutes de sable mémorial (1894), César-Antéchrist (1895), dont la première partie est constituée des quatre premiers actes d’Ubu roi. Ubu Roi paraît en volume en 1896 et fait scandale, donnant lieu à ce qu’on a appelé « la bataille d’Hernani du symbolisme ». Plusieurs œuvres verront le jour à titre posthume. (Sources de cette biographie : Wikipédia, Encyclopédie Larousse en ligne.)
Labiche Eugène – Brûlons Voltaire ! Comédie en un acte (en collaboration avec Louis Leroy) : Présidente de la société des Bons Livres, madame la Baronne revient d’un prêche destiné à confondre les mauvaises lectures… Mais impossible de respecter le repos de ce dimanche de Carême ! Voici qu’arrive son notaire avec monsieur Marchavant, un dynamique acheteur pour le château mis en vente par la Baronne. Mais horreur ! Marchavant est libre-penseur… Il ne tarde pas à se heurter aux convictions agissantes de la Baronne. Alice, sa fille, et Maxime, le timide professeur de dessin, pourraient bien pâtir de ce conflit qui risque de mettre à mal leur amour naissant. … Heureusement que Jacquette, la servante, a bonne mémoire ! Mais brûlera ou brûlera pas ?
L’une des dernières pièces d’Eugène Labiche, écrite avec Louis Leroy, où il nous entraîne avec humour revisiter les mœurs de cette bourgeoisie du XIXe siècle qui s’oppose entre républicains et conservateurs. Un délice ! … à lire d’un trait.