Kaiser Isabelle – L’Éclair dans la voile : Dans ce recueil de nouvelles, l’écrivaine déploie plusieurs facettes de son talent de raconteuse d’histoires qui s’attache aux valeurs et aux traditions. Qu’elles se ent dans les montagnes de Nidwalden ou ailleurs, qu’elles soient racontées du point de vue des hommes ou des animaux, il émane de la plupart d’entre elles une générosité désintéressée face à la rudesse du sort.
Girardin Jules – Le Roman d’un cancre : Il faut bien se rendre à l’évidence : Lucien Michel est un cancre… Il grandit au sein d’une famille aisée, entouré de l’amour et de l’attention de sa mère, de son grand-père et de deux tantes. C’est un enfant unique. Son père, un officier de marine, avait péri dans un naufrage alors que Lucien n’avait qu’un an. On compte donc sur lui pour perpétuer les valeurs et l’héritage de la famille. Oui mais voilà, Lucien n’est pas très porté sur le travail. Sa famille a beau l’aimer et se montrer compréhensive : que ce soit à la maison avec un précepteur ou au collège, les matières scolaires l’ennuient.
Cingria Charles-André – La grande Ourse : «Je veux n’avoir plus qu’une cravate blanche et un melon, et marcher à petites journées sans me préoccuper de rien. Je suis un monsieur. Je veux er aussi inaperçu que possible. Je ne veux surtout pas qu’on dise de moi que j’ai de l’entrain, ni qu’on me compare avec ceux qui ont ou qui n’ont pas de l’entrain (j’emmerde l’entrain). Plutôt ceci: être parfaitement convenable; dire pardon quand on entre dans le tram; être grave; ne jamais rire que dans de très rares occasions; ne jamais articuler que des choses pleines; ne rien dire d’inexact; être moral et très ferme. Se taire? Non, car si cela est systématique, c’est, dans la compagnie de gens sans contrainte, une très grosse impertinence. Au contraire, parler, mais avec mesure et un certain détachement si l’on a affaire à des contradicteurs ou à des dames.»
C’est déjà tout Cingria (1883-1954) que l’on découvre dans ce facétieux autoportrait : son dandysme, sa verve, son style oral, ses phrases laconiques, pleines d’imprévus et de raccourcis, son excentricité, sa volonté de er inaperçu et surtout son désir de « marcher à petites journées sans [s]e préoccuper de rien. »
Decour Jacques – Philisterburg: En 1930, un jeune assistant français ionné de Goethe et de culture allemande se rend à Magdebourg dans le cadre d’un programme d’échange linguistique entre les gymnases/lycées européens. Il tient un journal dans lequel il note des anecdotes sur les personnes et les lieux qu’il rencontre, les façons de vivre ou d’enseigner. Il se retrouve dans une Allemagne troublée qui ne digère pas le traité de Versailles, nostalgique pour une part du conservatisme prussien, autoritaire et hiérarchique, alors que gagne d’influence le mouvement hitlérien national-socialiste qui accuse les libéraux d’être responsables des conditions économiques désastreuses avec une forte inflation et une montée du chômage qui découlent de cette période de crise.
Cingria Charles-André – Bois sec bois vert: Un recueil de textes diversifiés, publiés entre 1925 et 1947 : des nouvelles, du fantastique, une étude, le récit de son retour chez lui après sept ans d’absence (le titre de ce recueil), de l’archéologie et des digressions comme toujours, des réminiscences entre époques différentes qui rappellent la permanence des choses, des théories, de l’imagination et un style unique, désordonné mais génial.
Zweig Stefan – Les Heures étoilées de l’humanité: Elle est là, en effet, presque sans défense, à portée d’une main hardie. « L’Imperium byzantinum », l’ancien empire mondial qui s’étendait de la Perse aux Alpes et jusqu’aux déserts de l’Asie, se traverse à présent aisément en trois heures de marche. Tout ce qu’il en reste, c’est une tête sans corps, une métropole sans dépendances et encore l’empereur, le basiléus, n’en possède-t-il plus qu’une partie (l’actuelle Stamboul) tandis que Galata appartient aux Génois et que tout le pays situé derrière les murs de la ville est tombé au pouvoir des Turcs. L’empire du dernier souverain est grand comme un mouchoir ; ce qu’on appelle Byzance n’est plus qu’une gigantesque enceinte entourant des églises, des palais et un amas de maisons. Pillée déjà une fois de fond en comble par les Croisés, décimée par la peste, affaiblie par son éternelle lutte contre les peuples nomades, déchirée par ses querelles théologiques intestines, elle est incapable de puiser en elle-même les forces et le ressort nécessaires pour se défendre contre un ennemi qui l’enserre depuis longtemps dans ses tentacules.
Boschère Jean de – Véronique de Sienne: Pierre Bioulx d’Ardennes, vieux mondain dissident, et Macrube, universitaire affiné mais renégat, se sont rencontrés chez Lady Joan en Angleterre et, dès leur première rencontre, ils apprirent à se connaître. Macrube y accompagne son fils Léon et c’est là que Pierre rencontre Virginie qu’il courtise et abandonne.
Enfin, à Sienne, où se retrouvent Lady Joan et sa suite, Pierre croise une jeune femme dont il tombe immédiatement fou amoureux. Il l’appelle Véronique. Mais qui est Véronique ?
Conway Hugh – Du fond de la nuit : De ces deux nouvelles, la première, Du fond de la nuit, remplit les deux tiers du recueil et a obtenu un grand succès en son temps. Elle relate le long périple d’un homme, devenu aveugle suite à une maladie, qui assiste à un crime et qui, une fois guérit de sa cécité, va s’attacher à en comprendre les motifs pour pouvoir vivre heureux. Une vengeance anglaise raconte comment un homme combat ses sentiments et ses intérêts financiers pour faire justice.
Colette – La Vagabonde : La Vagabonde, publié en 1910, est un roman d’émancipation largement inspiré de la vie de l’auteure. Sa narratrice, Renée Néré, se présente comme une « femme de lettres qui a mal tourné ». Après un mariage cauchemaresque avec Adolphe Taillandy, un peintre volage en qui l’on reconnaît aisément un portrait assassin du premier mari de Colette, Renée a tout perdu : son toit, ses amis, son rang social, ainsi qu’une situation matérielle qui lui permettait de maintenir son activité littéraire. Seule désormais, elle se console auprès de ses relations féminines et subvient à ses besoins en travaillant comme mime et danseuse dans des cafés-concerts et des théâtres de Paris et de province.
Colette – Claudine en ménage: Sûrement, il y a dans notre ménage quelque chose qui ne va pas. Renaud n’en sait rien encore; comment le saurait-il?
C’est que, oui, Claudine est mariée : « Quelle bizarre comédie que le jour de mon mariage » ! écrit-elle avant de nous narrer sa journée : « Mon impression fut celle d’un de ces rêves entremêlés et confus où l’on se sent les pied liés. […] À la nuit tombante, mon mari, – mon mari ! – m’emmena. […] moi toute ? non ! La fêlure est là. J’ai esquivé cette certitude aussi longtemps que je l’ai pu. »
Pourtant, bien que mariée à cet homme plus âgé, elle l’aime avec ion, elle s’installe « en ménage », elle est heureuse. Mais, « quelque chose ne va pas. » Très vite lassée, elle organise des réceptions, chaque semaine. Elle y rencontre Rézi, belle et charismatique. Et Rézi s’intéresse à elle…